2 Décembre 2017
Manuel Ferrara est énervé !
Pour les ignorants, Manuel Ferrara est un acteur porno, c'est à dire quelqu’un qui travaille avec son corps sans être à proprement parler un travailleur manuel (en tout cas, si on va plus loin que les cinq premières minutes du film où l’on voit défiler tout le monde de l'artisanat.)
Il est aussi réalisateur de films pour adultes. Il a vu défiler dans sa vie l’ensemble des organes décrits par Pierre Péret dans sa chanson Le Zizi.
Il a notamment joué dans Very Bad Trique.
C’est comme l’original qui a servi de modèle lointain, Very Bad Trip mais sans tigre dans la salle de bain. A la place, ils ont mis une femme en slip imprimé panthère qui grogne pareil, sauf qu’elle dit « viens mon coquin, grrr », ce que ne dira jamais un tigre car il ne parle pas notre langue, sinon la semaine dernière, celui du cirque Bormann à Paris aurait dit à son propriétaire « baisse ton arme, déconne pas, je voulais juste voir ce que c’était le RER, j’ai vu, ok, je relativise, moi dans ma cage, j’ai 2m², j’ai dix fois plus d’espace que vous, je suis bien » et il n’aurait pas pris une balle dans la ride du lion, ce qui est très bête pour un tigre !
Si Manuel Ferrara est énervé, c’est à cause d’Emmanuel Macron. Cela pourrait nous étonner : Emmanuel Macron, le porno, rien à voir ! Il a connu l’amour à seize ans et il est depuis avec la même Dame. Ce n’est pas le Prince Albert… En matière de semage de petites graines, on est plus dans le désert somalien que dans un champ fertile de la Beauce boosté par Monsanto !
Samedi dernier, Macron fait un discours sur l’égalité Homme / Femme. Oui, oui, nous en sommes encore là et si Jules Verne en 1870 avait su que fin 2017, on n’aurait toujours ni voitures volantes, ni égalité entre hommes et femmes, il se serait dit, le futur est pourri, finie la littérature d’anticipation, allez, je vais pêcher et nous aurait épargné ainsi d'interminables descriptions loufoques.
Enfin, pour revenir au discours de Macron, sur ce sujet précis d’égalité entre les frères et les sœurs, Macron, au milieu de la famille, sans lien apparent, tacle le porno qu’il définit comme un genre cinématographique faisant de la femme un « objet d’humiliation ». Il faut reconnaître que dans 90% des films X, on voit un gros bourrin, débouler auprès d’une fille sans bouquet de fleurs, avec juste une tige, la sienne (désolée, au regard du sujet, je ne peux pas être plus élégante, après je copierai du Musset sur vingt lignes, c’est comme la taxe carbone mais en plus drôle…)
Quand Manuel Ferrara, en week-end (c’est-à-dire qu’il était habillé) samedi dernier, entend Emmanuel Macron, il se met en rage. Il va sur Twitter, il entre ses identifiants, nom : Ferrara (tiens, à ce propos, il y avait aussi Lolo Ferrari. Ferrara, Ferrari… finalement, il n’y a que chez Ferrero qu’on ne fait pas de X, ou alors on ne sait pas tout sur les soirées de l’Ambassadeur). Donc nom : Ferrara, Mot de passe : largedickbigteubesjegicle (je viens de faire un stage professionnel de remise à niveau intensif sur l'argot du sexe), et il écrit : « Je suis dans ce business que vous tentez de diaboliser. » Ferrara, enhardi par sa rencontre avec le Président précédent, rajoute à Macron « je suis prêt à m’asseoir avec vous », on imagine sur une chaise, dans le X, il faut préciser, « et à discuter, j’attends votre appel ».
Donc si ça se trouve, depuis l’Afrique cette semaine, Emmanuel Macron était au téléphone avec Manuel Ferrara, star du X : « Salut, c’est le Président, ça va le boulot ?
– Pas mal, mais je suis en ITT, fin de blennorragie, les alea du métier, tu connais…
– Non, pas vraiment.
– etc… » Et ils discutent porno ! Ce qu’on devrait tous faire, parce que statistiquement, pour un roman lu, il y a seize millions de pages vues sur des sites X. Jacky et Michel ont remplacé Bouvard et Pécuchet !
Puis Manuel Ferrara, interrogé par France Info (qui a changé de ligne éditoriale depuis ma dernière écoute !) invite Emmanuel Macron à discuter, pour avoir leur ressenti, avec les femmes de l’industrie du X, Loona Lux, Cecilia Vega, Clara Morgane, Katsuni… toutes ces femmes que dans les films, on n’entend jamais dire autre chose « ben dis donc mon ours, j’ai bien fait d’appeler SOS dépannage PC, parce que là, je sens que tu m’apportes la fibre ! ». Et Ferrara explique que dans certains films, contrairement à ce qu’affirme Macron, l’homme est dominé par la femme, comme dans la vie,
jusque chez les politiques (on se souvient de la relation Valérie Trierwieler, François Hollande), enfin, il dit que le vrai souci n’est pas le porno en lui-même, il y en a toujours eu… Il suffit d’aller en Inde et de visiter un temple, c’est bourré de phallus sculpté, on entend les parents dires aux gosses « tiens, finalement, tu ne veux pas ta tablette ? » Le problème serait plutôt, selon Ferrara, l’accès gratuit, en un clic, à tout le porno du monde qui fait qu’à quatorze ans, un ado a vu des milliers de scènes de X. On est loin des pages sous-vêtements féminins du catalogue de La Redoute d’il y a quarante ans !
Il y a débat sur le X, Manuel et Emmanuel qui, (champion de la délégation) n’a plus que ça à faire, vont sans doute régler ce problème actuel majeur de Q !
ELLE
Et chose promise, chose due :
Te voilà revenu, dans mes nuits étoilées,
Bel ange aux yeux d'azur, aux paupières voilées,
Amour, mon bien suprême, et que j'avais perdu !
J'ai cru, pendant trois ans, te vaincre et te maudire,
Et toi, les yeux en pleurs, avec ton doux sourire,
Au chevet de mon lit, te voilà revenu.
Eh bien, deux mots de toi m'ont fait le roi du monde,
Mets la main sur mon coeur, sa blessure est profonde ;
Élargis-la, bel ange, et qu'il en soit brisé !
Jamais amant aimé, mourant sur sa maîtresse,
N'a sur des yeux plus noirs bu la céleste ivresse,
Nul sur un plus beau front ne t'a jamais baisé !
Bon, quelque chose me dit qu'un avis masculin sur le sujet pourrait ouvrir le débat, à défaut d'autre chose. Tout d'abord, c'est tellement d'actualité qu'il y a peu on pouvait lire ceci sur Atlantico. Nul doute non plus qu'un artisan de la chose autant dire un manuel fier de son art, et un esprit cultivé comme peu (il parait, dixit un de ses barbus préférés, d'ailleurs n'oublions jamais qu'un barbu c'est un barbu, mais si nous ajoutons à cela notre premier ministre et un spécialiste du numérique, on pourrait se croire au milieu de barbouzes, mais je m'égare) trouveront une manière de ménager la tige et la salade (oups, ça devient glissant).
Cela dit, comme ELLE l'a si bien précisé, le porno est présent presque partout, presque de tout temps. Dans le désordre, en Inde, en Egypte ancienne, dans Rome antique via Pompéi, en Grèce antique au travers des céramiques sigillées... le sexe, le plaisir en dehors de la reproduction, a toujours été au cœur de nos préoccupations, comme la nourriture, la musique, les arts, pour peu que l'oisiveté nous accompagne.
Un instrument de domination de l'homme ? Oui, bien sûr, des hommes sur d'autres hommes, des hommes sur les femmes, des hommes sur le monde. Est-ce qu'abolir le porno (heu, là il faut convoquer d'autres grecs, plutôt des grecques, les Danaïdes) changera cela ? Aucune chance.
Il ne s'agit pas de défaitisme. Disons, le monde va vite, l'information va très vite (et la désinformation encore plus vite), alors peut-être qu'arrêter un raz de marais avec un château de sable, cela risque d'être de la poudre de perlimpinpin. L'éducation est le seul moyen d'éclairer les esprits et de faire du sexe une danse où deux être prennent du plaisir sans se poser la question d'une domination univoque culturelle.
En tout cas, cela aura eu le mérite de faire parler d'autre chose que des soucis importants...
IL
(ps : petite pensée émue pour la tigresse qui a peut être été transformée en slip, snif).