16 Septembre 2017
En mai dernier, déjà, la consultation classique chez le généraliste avait augmenté de deux euros, passant de 23 à 25 euros. Désormais, deux nouveaux tarifs vont être appliqués par votre médecin généraliste, pour les consultations dites "complexes".
La médecine généraliste est devenue une spécialisation, il n’y a pas de raisons que ses médecins ne bénéficient pas des mêmes avantages financiers que leurs confrères des autres spécialités médicales. La décence les empêchant de demander autant pour le diagnostic d’un rhume que ce que demande le cardiologue pour un bilan préopératoire, ils ont inventé les consultations dites complexes.
La publication du détail au Journal officiel mardi 12 septembre (pendant que les fonctionnaires faisaient grève et manifestaient contre la loi Travail, le hasard fait bien les choses) marque l’entrée en vigueur progressive à compter du 1er novembre 2017 de ces nouvelles consultations complexes.
Il s’agit d’une nouvelle convention médicale signée entre les médecins et l'assurance maladie. Si la consultation de base chez un médecin généraliste reste à 25 euros, la convention médicale crée deux nouvelles consultations plus onéreuses pour les patients.
La première d'entre elles est la consultation dite "complexe", qui sera facturée 46 euros. Seules certaines pathologies ou suivis sont concernés. Parmi eux, le suivi et la prise en charge des enfants de 3 à 12 ans en risque avéré d'obésité, celle des nouveau-nés "nécessitant un suivi spécifique par le pédiatre entre la sortie de maternité et le 28e jour suivant la naissance" ou encore la consultation pour obtenir une première contraception pour les jeunes filles de 15 à 18 ans. Dans certains cas, ces consultations complexes seront majorées de 16 euros (pour une consultation au prix de 62 euros donc) pour certaines pathologies comme l'asthme ou une pathologie oculaire grave.
Sans s’arrêter sur les motivations et la justification d’une telle augmentation, les consultations « des jeunes filles de 15 à 18 ans qui souhaitent une obtenir une contraception ou les jeunes du même âge pour une consultation de prévention contre les maladies sexuellement transmissibles » ne rentrent pas dans le cadre du tiers payant on s’aventure en terrain très glissant et dangereux considérant les finances des jeunes et surtout le fait qu'ils ne souhaitent pas en parler à leurs parents pour faire jouer l’Assurance Maladie...
Les CeGID ont de beaux jours devant eux… Ah mince ! Dans un plan de restrictions budgétaires sur la santé, ce n'est pas prévu...
Un deuxième type de consultations, dites "très complexes", est également créé. Le tarif appliqué par le médecin passera alors à 60 euros. Les consultations très complexes porteront sur certaines pathologies comme les annonces de cancer, les maladies rénales chroniques ou les cas de malformation congénitale ou de maladie grave du fœtus. Désormais apprendre de son généraliste (qui l’aura lui-même appris d’un radiologue ou oncologue et ne fera donc que passer le message) qu’on a un cancer, nous coûtera plus cher, on est bien soulagé, ça sera mieux fait !
De même, un simple renouvellement d'ordonnance prend 5 minutes en comptant les politesses d’usage (le plus long étant de mettre la Carte Vitale dans le lecteur) mais maintenant, si cela concerne une certaine catégorie de maladies, le médecin touchera désormais 60 euros pour les mêmes 5 minutes ?
Des médecins qui consultent dans les maisons de retraite où toutes les ordonnances pour renouvellement sont préparées par une infirmière du service, passent sur place simplement pour signer les ordonnances déjà prêtes. Désormais, au motif que les patients ont Alzheimer, certains médecins vont facturer 3 fois plus sans même les voir…
Reste à savoir si les médecins généralistes augmenteront pour autant la durée de leurs consultations. La moyenne nationale étant de 15 minutes par patient en cabinet (contre 18 au domicile et beaucoup moins en centre médicalisé), ils pousseront peut-être à 17 minutes… Quand on sait qu’il s’agit d’une moyenne, cela fait peur !
Dernier changement, le tarif des visites longues passe de 56 à 70 euros. Celles-ci seront désormais possibles trois fois par an, contre une seule fois auparavant. Ils auraient tort de se priver !
Avec l’arrivée de ces nouveaux tarifs, les remboursements ne changent pas. Ils sont toujours pris en charge à hauteur de 70% par l’Assurance maladie et à 100% pour les personnes atteintes d’affections de longue durée. C'est bien de vouloir faire des économies publiques dans le domaine de la santé...
ELLE