De tout et de rien mais surtout de tout : de l'actualité aux voyages, en passant par la culture, littérature, cinéma, l'Art et jusqu'à la cuisine ou la politique, parfois le tout en même temps à 4 mains, à loisir et à l'envie ! Pourquoi ? Parce qu’un et un font un, parce qu’ils existent, parce que c’est suffisant et insuffisant à la fois, parce qu’ils sont toujours d’accord, parce qu’ils ne sont jamais d’accord, parce qu’il est persuadé d’avoir raison, parce qu’elle sait qu’elle a toujours raison, parce qu’il y aura toujours des questions insolubles, parce qu’il y a trop de personnes porteuses de vérités prêtes à l’emploi, parce qu’il y en d’autres envahies de doutes, parce que la liberté de s’exprimer, de se laisser porter est un privilège dont on n’a pas toujours conscience, parce qu’il faut l’explorer comme on explorerait un nouveau continent . Parce qu’ils ne se prennent pas au sérieux, parce qu’ils se prennent trop au sérieux, parce qu’ils ne peuvent pas se passer d’internet, parce qu’ils aiment réagir, interagir, parce qu’un poste de télé ou un bon bouquin ça n’a pas beaucoup de répartie, parce qu’ils aiment des choses, sont dégoûtés, énervés, par d’autres, parce qu’ils contemplent. Parce qu’IL s’imagine en ermite reculé d’un monde fou au bord d’un étang, parce qu’ELLE veut voir le monde, parce qu’ils ont vu, parce qu’ils ont à voir, parce qu’IL repense la vie, l’univers et le reste dans un trempage hebdomadaire, parce qu’ELLE invente des vies, des univers et des restes dans des nuits blanches quotidiennes, parce qu’ELLE s’ennuie, parce qu’ils sont bavards, parce qu’ils sont timides, parce qu’ils sont différents, parce que les autres sont les autres, parce qu’ils sont de grands gamins et parce qu’ils en ont envie : le blog des reinettes, bavardages avec les grenouilles sur un bord d’étang reculé ou sur un coin de toile pseudo-sociale ! IL et ELLE
8 Juin 2017
Bien que la campagne soit teintée d'un je-m'en-foutisme quasi général, bien que les sondages ne soient plus sur la sellette, bien qu'avant dimanche la messe semble être déjà dite, on entend de temps en temps des saillies détonantes. Entre les complotistes, les provocateurs polémistes, les énervés qui veulent se venger d'un passé qu'ils ne peuvent pas réécrire, il y a de quoi s'amuser. Pourtant, il y aurait parfois de quoi réagir.
Le dernier cas qui me vient à l'esprit est une "confrontation" entre Onfray et Zemmour. L'un et l'autre se targuant d'intellectualisme, bardés de références plus ou moins vérifiables, pétris de certitudes palpables tellement elles sont solides, on se retrouve dans un dialogue opposant un "Jacobin" et un "Girondin", les échos d'une révolution qui "n'a pas éliminé la misère ou l'exploitation" (dixit Renaud dans son Hexagone, ok je sais, mais autant le dire je ne vais pas opposer les opinions d'un philosophe et celle d'un chanteur).
Ils parlèrent de cette Révolution, Onfray essayant de l'actualiser, Zemmour essayant d'un faire l'archétype de la politique actuelle. Etrange et anachronique, mais pas surprenant.
Le dialogue se poursuit, l'ambiance est chaleureuse, ça se fait presque des clins d'œil complices là où tout devrait les opposer.
Complices de quoi ? D'une remise en question de la société, d'un "système" qui nous spolie, alignant les phrases définitives (le jeu favori de Zemmour) et les poncifs provocateurs. Agaçant et désolant, mais pas surprenant.
A force de se vouloir subversif, provocateur, poil à gratter, on entend des deux côtés des choses du genre : « ils nous prennent pour des cons, alors je ne vais participer à cette mascarade en apportant ma voix ». « Il était évident que le FN n'allait pas passer au second tour ». « Le FN c'est le RPR des années 1980... »
On arrive à ce qui peut interroger. Onfray, qui se qualifie de sensibilité de gauche anti-libéral, "Girondin" en acceptant une structure étatique etc... revient sur un texte polémique récent (aidé par une question de l'animatrice). Je ne reviendrai pas sur son contenu et la vague qu'il a soulevé alors, mais ce qui devient moins fun ce sont les considérations sur le FN (à faire boire du petit lait à Zemmour). Ainsi, on apprendra qu'il y a deux mouvances dans le FN, le chemin Philippot "vivement qu'il éjecte", et celui de M-M Le Pen (la petite fille), un peu en dehors du jeu de quille en attendant que ça étête naturellement. Une mouvance qui n'est pas pro
européenne et qui doit disparaitre pour apporter de l'eau à la vision manichéenne d'Onfray, à savoir que tous les partis sont "Maastrichtiens" alors qu'il prône une politique plus directe, et une mouvance libérale et pro-euro, qui lui permettra de continuer ses démonstrations perpétuelles. Caricatural, non ?
Le FN est réduit à un parti dont on ne se soucie plus de la réalité démocrate, un parti débarrassé d'un souffre quelconque, un RPR rechapé, ni plus ni moins, de quoi interroger certainement un Chirac sans voix.
Comment démontrer cela de manière imparable ? Bien voyons ma bonne dame, "le FN ce n'est pas Oradour-sur-Glane. Oradour-sur-Glane c'est important, c'est grave, le FN ce n'est pas ça".
Dans un sens, le sens factuel et historique, c'est évidemment vrai. Mais est-ce que ce n'est pas un peu réducteur de faire du FN un parti bifide se distinguant uniquement par des choix économiques ?
Doit-on oublier le pédigrée des membres de ce parti ? Doit-on réduire à des détails la logorrhée et la dialectique mise en oeuvre par certains candidats aux législatives FN ?
La dédiabolisation c'est ça. Heureusement, la Présidente du parti s'est montrée sous un jour édifiant lors d'un débat important. Dans le fond, M. Le Pen n'est pas Hittler, la solution finale n'est pas re-actée et je suis d'accord, voir le FN d'aujourd'hui de manière caricaturale n'est pas la meilleure manière de l'aborder. Mais il ne faut pas non plus éluder une réalité qui dépasse la simple politique ou les choix économiques. Le FN libère les chiens de l'enfer antidémocratique : xénophobes, intolérants, homophobes, etc... Donc, non, il n'a rien à voir avec feu le RPR n'en déplaise au grand penseur Zemmour.
L'oublier c'est justement ce qu'ils aimeraient. La caricature dangereuse est de faire du FN un parti qui cherche à mette en œuvre des solutions politiques pour rendre la société plus heureuse, dénuée de toute malveillance et au contraire agissant pour le bien de tous. La réalité est que ce n'est qu'une machine sans âme pour permettre à ses dirigeants d'avoir un peu plus de pouvoir en surfant sur un populisme nauséabond, celui qui flatte nos plus bas instincts… ces instincts qui ont créé l'horreur à Oradour-sur-Glane.
Lorsqu'on se targue de références historiques opposant Jacobins et Girondins pour en faire la grille de lecture de la société et de la politique d'aujourd'hui, comment, dans le même temps, peut-on oublier les répétitions de l'histoire ? Croire que ce qui a eu lieu ne pourra jamais se reproduire, c'est fat. Considérer que nos démocraties sont plus fortes que ces rebonds du passé, c'est préférer sa propre pensée nombriliste à la réalité. Ne pas voir que le FN entretient en son sein des idées, des personnes, des projets qui prennent racine dans ce passé détestable ce qui en fait un danger pour notre société, c'est préférer son propre reflet au regard direct sur le monde. Tout ça par goût pour la polémique et la provocation, tout ça pour si peu.
IL