9 Mai 2017
Lors des primaires de la Gauche, j’ai fait le choix du cœur, je l’ai regretté. Benoît Hamon a été élu candidat du PS et n’a pas été suffisamment rassembleur pour peser dans la balance.
Lors du premier tour de la Présidentielle, j’ai donc fait un choix de raison et j’ai voté pour un candidat que je voyais Président et avait une chance de le devenir en nous évitant les menaces populistes et réactionnaires. Cela a payé au premier comme au second tour. Emmanuel Macron est Président de la République.
Il n’incarne pas le parti avec lequel j’ai le plus d’affinités et depuis des mois, je pensais que le véritable choix, celui de mes affinités, celui de mon aspiration à un modèle social particulier se jouerait lors des Législatives…
Je pensais que le Parti Socialiste se remettrait de sa défaite, se rassemblerait, saurait proposer quelque chose de suffisamment rassembleur et novateur pour envoyer des Députés qui auraient pesé à l’hémicycle.
Le 7 mai déjà, à peine quelques minutes après les résultats donnant Emmanuel Macron Président, Ségolène Royale, invitée sur France 2 se positionnait en faveur d’une « majorité absolue » afin de donner les coudées franches au Président, de lui dégager le terrain pour lui permettre d’accomplir ce qu’il avait annoncé dans son programme et sonnait la fin du Parti Socialiste.
Si elle était la première, elle n’est pas la seule à se positionner sur la ligne des candidats à un ministère !
Il aura attendu à peine 24 heures. Invité de RTL ce mardi 9 mai, l'ex-Premier ministre Manuel Valls a annoncé son intention d'être investi à Evry (première circonscription de l'Essonne) sous l'étiquette La République En Marche, en vue des législatives du mois de juin : "Je serai candidat de la majorité présidentielle et je souhaite m'inscrire dans ce mouvement."
Le candidat malheureux à la Primaire socialiste appelle par ailleurs ses soutiens à le rejoindre dans cette décision. "J'invite tous les députés sortants, les progressistes, ceux qui ont appelé à voter Emmanuel Macron avant le premier tour, ceux qui souhaitaient sa victoire", poursuit-il, avant de dresser l'éloge du nouveau président de la République, dont l'élection "donne de la France une formidable image".
"Il a réussi son pari, il a fait la bonne analyse, celle que je faisais déjà il y a quelques années. Il est parti d'un constat simple : les vieux partis sont en train de mourir."
Interrogé sur ses ambitions déçues de prétendant à l'Elysée, Manuel Valls déclare : "Je ne vis jamais avec des regrets, encore moins avec de l'amertume. Je veux la réussite d'Emmanuel Macron, de son gouvernement, de sa majorité." Il se reconnaît quelques années en arrière !
Il lance un appel très clair à ses camarades socialistes : "Le Parti socialiste, c'est une histoire pour moi. J'y suis attaché. Mais ce parti est mort, pas son histoire et ses valeurs, mais il doit se dépasser."
Valls doit encore déposer sa candidature pour être investi par La République En Marche, comme l'ont indiqué plusieurs responsables du mouvement car il l’a annoncée mais ne l’a pas encore déposée. "Il faut qu'il fasse acte de candidature, et ensuite la Commission nationale d'investiture de M. Delevoye se prononcera", a indiqué Christophe Castaner. "Il ne faut pas faire de différence en fonction du passé de tel ou tel. C'est normal de s'astreindre à ce protocole, qui est identique pour tous. La République des privilèges est terminée." "Il n’a pas été investi par la Commission nationale d’investiture, ou alors sa candidature m’a échappé", a ironisé le porte-parole Benjamin Griveaux. "Il aurait dû déposer sa candidature comme chacun, puisque la règle est la même pour tous. Si vous ne déposez pas votre candidature vous ne pouvez pas être investi par En Marche. Il lui reste 24 heures. La procédure est la même pour tout le monde, ancien Premier ministre compris."
Quant au Président de la Commission d'investiture, Jean-Paul Delevoye, il a expliqué que cette proposition "allait être analysée". "Nous avons déjà arrêté une candidate dans la circonscription de Manuel Valls", a-t-il ajouté. "Nous aurons à choisir si nous maintenons cette candidate".
Le Parti socialiste, encore sous le choc de sa déroute au premier tour de la présidentielle, tenait aujourd’hui, rue de Solférino un Bureau national sous tension, avant de réunir plus tard dans la journée ses candidats aux législatives à la Mutualité à Paris. Menacé d'implosion, le PS se trouve à la croisée des chemins : appartenir à la majorité d'Emmanuel Macron, au risque de se faire vassaliser ; ou à l'opposition, au risque de disparaître ?
C’était la suite logique des derniers mois… et les divisions devant un choix difficile apparaissaient. Avec son annonce ce matin, Manuel Valls a accéléré l'entreprise d'écartèlement du Parti socialiste, entre macronistes, hollandistes et hamonistes. Et comme pour rendre définitif son coup de marteau sur le cercueil, l'ex-Premier ministre a tout simplement décrété la "mort" de son parti, menaçant ses camarades indécis : "Ceux qui resteront au milieu du gué seront emportés."
Trois lignes s'opposent : celle de Manuel Valls, donc ; celle du Premier ministre Bernard Cazeneuve, qui doit conduire la bataille des législatives pour le PS, et a indiqué lundi exclure "totalement" d'entrer au prochain gouvernement. Pour lui, pas question de se draper dans une posture d'opposant face à Emmanuel Macron. De toute façon, sa place au PS était très… à droite… tout comme celle d’Emmanuel Macron.
Et enfin celle de l'ex-candidat Benoît Hamon, qui semble vouloir disputer à Jean-Luc Mélenchon le costume de premier opposant de gauche, appelle à un "maximum de candidatures d'union à gauche" pour les législatives, mélenchonistes compris.
Fidèle soutien de Manuel Valls, le sénateur Luc Carvounas a d'ores et déjà indiqué sur Twitter que cette fois, il ne le suivrait pas dans son initiative : "Je suis progressiste réformiste mais aussi socialiste attaché à son Parti et ses valeurs. Non @manuelvalls je ne te suivrais pas cette fois."
"Au milieu du gué", comme l’appelle Valls, ça grince des dents. A l'entrée du siège du PS, en fin de matinée, le premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis a glissé qu'il était "impossible" que Manuel Valls garde sa carte d'adhérent socialiste tout en briguant l'investiture d'un autre parti. Il a taclé : "Si certains veulent partir ou se singulariser, qu'ils le fassent et nous laissent travailler."
Sans encore parler d'exclusion, le patron de Solférino sait qu'il faudra à terme sévir, malgré le statut d'ancien Premier ministre du fautif. Début avril, il avait déjà saisi la commission des conflits du parti pour étudier le cas des élus qui, comme Manuel Valls, apportaient leur soutien à Emmanuel Macron.
A la sortie du Bureau, le ministre de l'Agriculture et porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll, partisan d'un soutien raisonné à Emmanuel Macron, a publié ce message : "Il faut arrêter de regarder notre nombril. Les Français n'ont rien à faire de nos états d'âme de responsables socialistes." Pourtant ce n'est pas un très beau spectacle qu'ils nous donnent à voir...
Quant au chef des députés PS Olivier Faure, proche de Jean-Marc Ayrault, il estime que "les vrais amis ne sont pas ceux qui, par opportunisme, choisissent de ramper devant le nouveau pouvoir".
A l'aile gauche, c’est le dégoût qui s’affiche : déjà minoritaires au sein du parti deux semaines après la piteuse cinquième place de leur candidat, les hamonistes doivent présenter ce mardi une plateforme alternative en vue des législatives. Sur le cas Valls, on en reste encore au stade des mots, mais ils sont sévères.
L'ex-directeur de campagne de Benoît Hamon, Mathieu Hanotin, parle d’une "tentative désespérée de collaboration". "Manuel Valls s'en va pour des raisons de carrière et d'opportunisme", renchérit le député Alexis Bachelay : "Maintenant que nous connaissons des difficultés [...], il quitte le navire, c'est triste et pathétique." Il va encore plus loin : "Plus rien ne m'étonne de Manuel Valls, si ce n'est qu'il inspire toujours plus de dégoût sur le fait de ne jamais respecter aucun cadre collectif. Il n'avait pas respecté celui de la primaire, il ne respecte pas celui des délibérations du Parti socialiste. Rien d'étonnant à ça malheureusement, c'est la suite d'un homme."
Même dans son camp de proches Manuel Valls jette le trouble. Luc Carvounas a bien confirmé que "cette fois", il ne le suivra pas dans son initiative. Il avait déjà appelé en vain son mentor à "mouiller la chemise" pour Benoît Hamon durant la campagne, avec le succès que l'on connaît.
La secrétaire d'Etat chargée des Personnes âgées Pascale Boistard, qui le soutenait jusqu'à présent, regrette également tout haut le choix de Manuel Valls. Elle se représentera en juin dans la Somme, avec l'étiquette PS.
Mais un autre proche influent de l'ex-Premier ministre, le chef des sénateurs socialistes Didier Guillaume, le rejoint sur son diagnostic : "Le Parti socialiste est mort. Quand on fait 5% ou 6% à l'élection présidentielle, il y a eu un acte de décès." Il rajoute : "Je ne pense pas qu'il faille une plateforme du Parti socialiste pour ces élections législatives, parce que le Parti socialiste est divisé, il y a des gens qui ne s'aiment pas à l'intérieur, qui ne pensent pas la même chose".
Si en plus il fallait s'aimer, s'écouter et se respecter au sein d’un parti… ça se saurait !
RIP PS.
ELLE
Oui, le spectacle est affligeant, et les calculs politiques dégradants. Bien sur, la morale et la politique font deux. Bien sur, les ambitions personnelles pollueront toujours la démocratie. Pourtant, nous sommes en droit d'espérer que les convictions l'emportent, cela implique une forme de droiture et de respect d'une parole donnée, respect d'un engagement envers soi-même et envers les autres.
Hamon a été écartelé et on veut en faire une raison pour écouter les sirènes du pouvoir. Ce ne sont pas les idées qui ont été abandonnées, mais l'homme. Les députés sont nos représentants à l'assemblée, alors pourquoi choisir une politique qui n'est pas en accord avec nos aspirations ? Bien au contraire, profitons de cette possibilité qu'une politique conforme à nos espérances puisse être représentée.
Le PS changera de forme, peut-être de nom, mais il y aura toujours dans une société démocratique des individus qui mettront en avant les choix sociétaux avant le bien être immédiat et égoïste. Il y a une France de gauche, une France qui veut que ses idées soient représentées.
Est-ce que la France Insoumise peut représenter ces aspirations ? En partie, bien sûr, les gauches se rejoignent sur l'essentiel, mais il ne faut pas oublier que si Melenchon a fait un si beau score au premier tour de la présidentielle, c'est sur le cadavre d'Hamon qu'il s'est grandi. Nous ne sommes plus dans un jeu de représentation au travers d'un individu. Regardons les programmes, les professions de fois, les expériences pour certains, et votons en conscience comme si la présidentielle n'avait pas eu lieu.
Après, au second tour, d'autres choix naîtront. Mais pour l'heure, je pense qu'il est de nouveau temps d'écouter notre coeur battre.
IL