De tout et de rien mais surtout de tout : de l'actualité aux voyages, en passant par la culture, littérature, cinéma, l'Art et jusqu'à la cuisine ou la politique, parfois le tout en même temps à 4 mains, à loisir et à l'envie ! Pourquoi ? Parce qu’un et un font un, parce qu’ils existent, parce que c’est suffisant et insuffisant à la fois, parce qu’ils sont toujours d’accord, parce qu’ils ne sont jamais d’accord, parce qu’il est persuadé d’avoir raison, parce qu’elle sait qu’elle a toujours raison, parce qu’il y aura toujours des questions insolubles, parce qu’il y a trop de personnes porteuses de vérités prêtes à l’emploi, parce qu’il y en d’autres envahies de doutes, parce que la liberté de s’exprimer, de se laisser porter est un privilège dont on n’a pas toujours conscience, parce qu’il faut l’explorer comme on explorerait un nouveau continent . Parce qu’ils ne se prennent pas au sérieux, parce qu’ils se prennent trop au sérieux, parce qu’ils ne peuvent pas se passer d’internet, parce qu’ils aiment réagir, interagir, parce qu’un poste de télé ou un bon bouquin ça n’a pas beaucoup de répartie, parce qu’ils aiment des choses, sont dégoûtés, énervés, par d’autres, parce qu’ils contemplent. Parce qu’IL s’imagine en ermite reculé d’un monde fou au bord d’un étang, parce qu’ELLE veut voir le monde, parce qu’ils ont vu, parce qu’ils ont à voir, parce qu’IL repense la vie, l’univers et le reste dans un trempage hebdomadaire, parce qu’ELLE invente des vies, des univers et des restes dans des nuits blanches quotidiennes, parce qu’ELLE s’ennuie, parce qu’ils sont bavards, parce qu’ils sont timides, parce qu’ils sont différents, parce que les autres sont les autres, parce qu’ils sont de grands gamins et parce qu’ils en ont envie : le blog des reinettes, bavardages avec les grenouilles sur un bord d’étang reculé ou sur un coin de toile pseudo-sociale ! IL et ELLE
29 Mai 2017
Plusieurs fois au cours de mes réflexions j'ai parlé de liberté, de sa nécessité, d'une condition sine qua non à toute autre chose, avant toute recherche d'un bonheur quelconque par exemple.
De tout temps les philosophes se sont penchés sur la question, et il est probable qu'elle restera ouverte pendant encore très longtemps, disons tant que l'être humain aura conscience de lui même. La liberté a été jaugée à l'aulne de la religion, de la société, de la psychanalyse, d'un déterminisme aléatoire psycho-scientifique... et elle reste toujours là, devant nous, debout avec son flambeau pour nous éclairer.
Imaginons qu'elle soit décrochée de haute lutte et se retrouve au cœur de nos mains.
Qu'en faire ? Imaginons... être libre c'est ne pas ressentir de contraintes, les contraintes sont des moteurs aux actions par les réactions qu'elles imposent. Sans ces forces extérieures, dans quelle direction pouvons-nous aller ?
Sans aller plus loin dans la réflexion, je dirais que l'inaction, l'immobilisme, être là sans avoir besoin d'en bouger peut répondre à cette liberté. C'est là que peut se placer la contemplation. Si nous sommes libres de faire ou de ne rien faire, libre parce que nous sommes, autant en profiter pour regarder. Un brin d'herbe oscillant sous le vent, un nuage paraissant aux formes chimériques, un oiseau suivant les lignes courbes de ses gènes... Tout peut être sujet pour un regard libre. Il y a aussi des choses moins joyeuses à contempler, des charniers, des histoires millénaires de massacres et de douleurs, des deuils encore présents, des puanteurs morbides, des exactions qui laissent la vie pantoise d'impuissance. Contempler c'est aussi voir cela sans sélection.
Les contraintes extérieures abolies, nous sommes aussi libres de répondre à des attirances : une autre force du mouvement de nos vies. On ne subit pas, on choisit de se laisser attirer. Cela peut nous mener vers de grandes causes à embrasser, le bien d'autrui, la justice, la lutte contre les inégalités, profiter du temps imparti pour accroitre le positif global.
On peut aussi être attiré par la recherche d'une personne en particulier, celle avec qui on pourra partager plus que quelques moments d'amusements. Cela peut prendre du temps, voire plusieurs vies, mais c'est attirant...
Il y a également le goût immodéré et totalement attractif des plaisirs et en particulier de celui des yeux. De beaux spectacles, des œuvres d'art, tout ce qui peut sortir d'un esprit créatif ou d'un hasard naturel. Ce qui est créé mérite toute notre attention, et pour apprécier pleinement ce qui est hors du temps, parfois il vaut mieux être libre, donc être un peu hors du temps soi-même.
Bien sûr, si la liberté est alimentée par la créativité, cela devient circulaire, et tout peut se résumer en un point suspendu dans l'espace et le temps. Peut-être que les créateurs sont libres, mais c'est rarement le cas, les sources de la création proviennent souvent d'un déséquilibre entre deux réalités, celle du monde extérieur, et celle du monde interne. La friction des deux fait une étincelle qui nourrit quelque chose de neuf. Cette inadéquation entre les deux réalités implique d'être accroché par le fond de la conscience et de l'inconscient à des chaînes liberticides.
C'est le moment de faire une petite parenthèse. Bien sur que l'art est une expression de la liberté... sociale. L'art ne peut s'épanouir que dans une société libre, dans ce sens elle est pourvoyeuse de subversion et elle peut combattre toute forme de coercition. La liberté dont je parle ici, c'est celle de l'artiste face à lui-même. Une fois que la société le permet, l'artiste se trouve en face de ce qu'il peut exprimer de lui, de sa perception du monde, de tout ce qui l'entoure mais surtout de ce qui est aux tréfonds de lui. C'est ici que la liberté de l'artiste disparaît.
Réciproquement, peut-être qu'en étant libre on peut créer, mais alors où trouver l'inspiration là où tout est équilibré ?
Enfin, tout cela est possible dans un monde sans contraintes absorbantes. Dans ce même monde, il y a un écueil épineux, à ne jamais sous-estimer, l'ennui. L'oisiveté, mère de beaucoup de choses peut donner chez une personne libre des orientations parfois étranges. Ainsi, par vacuité, par manque de sollicitation et d'impulsion créatrice, l'ennui peut s'installer. Au départ ce n'est rien de particulier, juste le temps qui passe mollement, un soir d'été sans fin. Puis arrive un moment où l'on peut chercher à remplir ce puits sans fond pour éviter de verser dans un supplice "Danaïdéen".
Alors il faut trouver un objectif, une manière de faire en sorte que l'ennui s'échappe pour rendre la liberté souriante. On peut imaginer quelques possibilités, mais cela implique de faire un petit détour. Quid de la morale ? Est-ce qu'être libre implique une morale spécifique ? Bon, là je ne veux pas verser dans la philo peu référencée. Alors pour faire court, imaginons que non. Sans aucune morale et en étant libre, alors on peut faire tous les actes gratuits imaginables, ou non. L'ennui aidant, on peut tuer le premier venu sans autre motif que la liberté de le faire, la vacuité des raisons, l'absence de considération des conséquences qui, de toute manière et en toute liberté, n'ont aucune incidence (on trouvera des faits divers qui vont dans ce sens, ici ou encore là, même si on ne peut pas garanti que les auteurs de ces crimes soient réellement libres). Dans ce cas, l'absence de morale à quelque chose de potentiellement cynique, lorsque l'arbitraire rejoint l'ennui il est aisé de passer du paradis à l'enfer, les antipodes ayant la même saveur. On peut envisager pire, ou différent, dans l'exaction et la douleur. On peut aussi envisager plus de plaisirs et de douceur de manière totalement égale. L'absence de barrières et de sens directeur ouvre la porte à un univers dans lequel tous les choix sont équivalents, un plaisir ou une douleur pouvant se nourrir de leurs contraires. Peut-on considérer alors que le vide de l'ennui est réellement aboli ? Lorsqu'il n'y a pas de sens particulier, le mouvement ou l'absence de mouvement sont identiques, l'ennui grossit et submerge. La liberté génère sa propre fin, l'existence étant similaire à la non existence.
Du coup, pour faire moins noir, imaginons que la liberté implique une morale suffisante pour éviter les débordements que le manque d'attracteur peut occasionner. Dès lors, devant le champ des possibles ouverts et la liberté de le parcourir l’épi entre les dents, nous pouvons voyager, vivre le monde tel qu'il est, profiter des autres et de soi en pleine possession de nos sens. Remplir le vide de l'ennui ne va pas de soit, mais bordé par une morale nécessaire, la liberté d'être peut offrir des solutions plaisantes. Loin d'amplifier l'ennui, les garde-fous moraux induisent une direction, un sens qui peut être suivi, librement. Accepter la morale comme une conséquence de l'existence permet à l'existence de trouver une motivation pour perdurer. Même si l'ennui peut frapper à la porte, il y a des possibilités pour être et profiter de cette liberté.
Contemplation, action et recherche des plaisirs des sens, partager et donner, être pour la raison de l'être, voilà ce que la liberté permet. Alors, avant tout, avant ce qui peut composer une parcelle de bonheur éphémère ou une chercher à faire des choses socialement valorisantes, cela demeure, je crois, un objectif à caresser de toutes nos envies.
IL